Comment six paroisses montagnardes ont-elles pu devenir un Etat aux institutions sans pareilles ? Ancrée dans un Moyen Age mythifié, l'étrangeté d'Andorre a fasciné des générations d'historiens, de juristes et d'anthropologues. Pour expliquer cette si singulière histoire, ils ont tour à tour évoqué le poids oppressant de la féodalité ou les contraintes terribles du milieu montagnard. En contrepartie, ils ont unanimement admis que les populations locales n'avaient joué aucun rôle dans le devenir de leur pays. A partir d'une étude serrée de la documentation médiévale, ce livre montre au contraire toute la cohérence des communautés andorranes et restitue les stratégies qui leur permirent de s'adapter aux structures de leurs temps et de leurs terres. Dénonçant une lecture pré-construite des textes, l'auteur dévoile au fil des pages les négociations, les arrangements, les adaptations, qui ont constitué la société andorrane, depuis l'organisation des seigneuries jusqu'à la souveraineté des Vallées, depuis l'évolution des pratiques successorales jusqu'à la genèse d'un discours identitaire. L'enjeu de cet ouvrage, en effet, est aussi de méthode. Roland Viader déborde l'étude de cas par un comparatisme exigeant, et s'appuie sur le dossier andorran pour interroger les catégories classiques des modèles historiques, juridiques et anthropologiques. Quel visage prend la féodalité face aux exigences de la montagne ? Le système des maisons pyrénéen est-il aussi ancien qu'on l'a dit ? Que signifie la reconnaissance institutionnelle des communautés ? Autant de questions qui trouvent en Andorre des réponses assurément originales.